Marie-Laurence PERAMO de la MAISON SIMON - Les arts de la table
Rencontres

Marie-Laurence PERAMO

Directrice de la MAISON SIMON à Rennes

Rencontre avec Marie-Laurence Péramo, directrice de la MAISON SIMON, une boutique des Arts de la Table dans le centre-ville de Rennes, pour échanger sur le rôle et le travail des indépendants, aujourd’hui, sur le marché.
Crédit photo : @maisonsimonrennes

Maison Simon, c’est d’abord l’histoire de Pierre et Huguette, un couple amoureux des belles choses.
En 1955, ils font le courageux pari de changer de vie.
Leur projet ? Lancer une affaire de porcelaine et faïence bretonnes.

Forts de leur succès, ils deviennent rapidement experts et reconnus d’un marché encore plus grand : Les Arts de la Table.
C’est en 1989 que Pierre et Huguette décident de transmettre Maison Simon à leur fille, Marie-Laurence, qui accepte ce « joli challenge ».

Crédit photo : @maisonsimonrennes

Vous êtes à la tête de la Maison Simon depuis plus de 30 ans. Quel est le positionnement aujourd’hui de votre boutique ?

Nous nous sommes positionnés sur un marché haut de gamme, avec des objets de qualité, et une vraie sélection.
C’est justement cela qui fait la personnalité du magasin, et qui donne envie à nos clients de venir.

Nous n’avons pas de politique de promotion. Nous considérons le produit avec sa vraie valeur, et nous le mettons au juste prix.
Ensuite, nous essayons de raconter une histoire autour de chaque objet.

L’ambiance du magasin contribue aussi à valoriser notre positionnement haut de gamme, avec des murs en pierres, un parquet et un escalier en chêne, nous portons une attention toute particulière aux matériaux utilisés.
Aujourd’hui, le consommateur peut rester chez lui et tout avoir… S’il vient chez nous, il doit tout d’abord vivre une expérience agréable.
Ensuite, il faut que nos conseils et ce que nous racontons sur le produit qu’il va choisir lui apporte une plus-value. Nous voulons vraiment créer un lien avec notre client, c’est ce qui fait notre différence.
Je dis souvent que sur 10 clients qui rentrent dans le magasin, nous pouvons en nommer 5 par leur nom, nous en connaissons bien 3, et 2 un peu moins.

Crédit photo : @saintlouiscrystal

Comment construisez-vous votre offre ? Quels sont vos principaux fournisseurs ?

 Je valorise prioritairement le made in France dans ma sélection car ces produits sont le reflet du savoir-faire français. Quelquefois, même si des produits me plaisent chez certains fournisseurs, s’ils ne sont pas fabriqués en France, je ne les sélectionnerai pas. Nos premiers fournisseurs restent les marques emblématiques des Arts de la Table, comme Christofle, Bernardaud, Saint-Louis…

Quelles sont vos relations avec vos fournisseurs ?

 Les fournisseurs sont là pour nous aider, nous épauler et sont à notre écoute. C’est important. On va d’ailleurs organiser début octobre avec la Cristallerie Saint-Louis une boutique éphémère à l’intérieur de notre magasin, où nous présenterons la fabrication des verres et de la cristallerie avec un système de lunette 3D. Nous travaillons en collaboration sur la mise-en-place, et nous pourrons servir les invités dans un beau verre Saint-Louis.

Crédit photo : @christofle / @patrick_rougereau

Comment le marché des Arts de la Table a-t-il évolué ces dernières années ? Avez-vous remarqué des changements de comportement ?

Le marché a évolué, et nous vivons d’ailleurs un vrai changement de société depuis une dizaine d’années. Avant, les gens s’installaient rapidement, se mariaient et avaient des enfants. Ces comportements disparaissent petits à petits et les listes de mariage aussi.

Même si les Français gardent quand même la notion de repas, l’apéritif dînatoire est devenu une nouvelle façon de recevoir. Nous constatons de plus en plus d’achats de petites assiettes, quelquefois dépareillées. En effet, soit les gens organisent un apéritif dînatoire en guise de repas, soit ils préparent un apéritif copieux qui remplacera l’entrée, pour finalement ne cuisiner qu’un seul plat principal. Christofle a bien rebondi sur cette tendance en créant le Mood Party pour célébrer le partage à l’apéritif.

Avec l’évolution des comportements, nous pouvons même imaginer que le service à vaisselle du dimanche n’existera plus dans quelques années. Je pense que l’on aura un service que l’on utilisera aussi bien au quotidien que lorsque l’on recevra. On le fera alors évoluer grâce à la décoration et aux accessoires.

Crédit photo : @maisonsimonrennes

Et comment voyez-vous l’avenir ?

Il est difficile de se projeter. Aujourd’hui je suis inquiète car il y a de moins en moins de magasins indépendants. Je me demande pourquoi notre métier n’attire plus. On a pourtant un métier agréable, on accueille des gens qui viennent pour faire plaisir et se faire plaisir ! Aussi, les indépendants sont souvent des magasins de centre-ville, où les accès sont de plus en plus compliqués. Nous sommes en train de perdre progressivement le chaland qui se promène. Nous devenons des “magasins de destination“.

Crédit photo : @maisonsimonrennes

Vous possédez un magasin et aujourd’hui un site e.commerce. Est-il indispensable d’être présent sur Internet aujourd’hui ?

 En 2018, on s’est aperçu que pour être crédible physiquement, il nous fallait une vitrine virtuelle. C’est d’ailleurs lors des colloques organisés par Francéclat et la Confédération des Arts de la Table, durant lesquels nous avons la chance de partager avec des intervenants experts dans différents domaines, que j’ai pris conscience de l’importance de passer à l’ère du digital. Au départ, c’était juste un site de click & collect que nous avons fait évoluer vers un site marchand, au vu des demandes.

Les clients doivent pouvoir régler en ligne, même s’ils viennent chercher les produits en magasin. Pour l’instant, les ventes via ce canal ne sont pas encore très importantes, mais elles augmentent depuis le confinement. Alors oui, c’est indispensable, aujourd’hui tous les magasins entreprennent cette démarche !

Crédit photo : @maisonsimonrennes

Selon vous, quelles sont les clés de la réussite de Maison Simon ?

 Je pense que c’est le fait d’être à l’écoute de ce qui se fait. Il faut se remettre en question en permanence… Toutes les semaines, nos vitrines changent ! Les tables, les couverts, la déco… Tout change ! On crée des ambiances, autour de l’objet, et en fonction des tendances saisonnières, des événements et des envies de chacun. On peut très bien faire une table de prestige, une table décontractée, ou même mélanger le tout !

Quelle est votre vision des Arts de la Table au 21e siècle ?

 Il y a une notion de plaisir dans les Arts de la Table. Cela fait partie du bien-vivre, d’un certain art de vivre à la française. Prenez un jus d’orange dans un vulgaire verre, puis dans un beau verre, le plaisir que vous avez ne sera pas du tout le même. Ce sont des moments où l’on se pose, des petits instants de bonheur.

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