Thiers, pays de haute coutellerie - Les arts de la table
Savoir-faire
Crédit photo : Claude Dozorme

Thiers, pays de haute coutellerie

Balade dans la capitale européenne de la coutellerie

Cité médiévale de caractère du Puy-de-Dôme, Thiers est mondialement connue pour être le berceau de la coutellerie française. Dans cette vallée nichée au cœur de l’Auvergne, ce sont six siècles d’activité coutelière et de savoir-faire que l’on se transmet de génération en génération.

Cité médiévale de caractère du Puy-de-Dôme, Thiers est mondialement connue pour être le berceau de la coutellerie française. Dans cette vallée nichée au cœur de l’Auvergne, ce sont six siècles d’activité coutelière et de savoir-faire que l’on se transmet de génération en génération.

Thiers, capitale de la coutellerie, cultive et transmet depuis six siècles un savoir-faire ancestral. Pourtant rien de prédestinait la cité auvergnate à une telle vocation coutelière. Ne disposant pas de matières premières, les Thiernois ont cependant toujours su dompter la tumultueuse Durolle qui serpente en contrebas de la ville. La puissance motrice de la rivière a depuis toujours incité les tanneurs, couteliers et autres artisans à s’installer au creux de cette vallée. La coutellerie s’impose finalement pour devenir la première activité économique de la ville qui, dès le XVI ème siècle, exporte ses produits dans tout le Royaume mais également en Espagne, au Pays-Bas et en Lombardie.

Crédit photo : Tarrerias-Bonjean

L’essor de la coutellerie thiernoise

C’est au XIX ème siècle que la coutellerie thiernoise prend un essor considérable, qu’elle doit en grande partie à une organisation du travail spécifique qui s’avère très performante. Il existe en effet à Thiers une multitude d’ateliers et d’artisans qualifiés aux métiers divers, chacun intervenant à une étape-clé de la fabrication du couteau. Cette parcellisation des tâches permet aux ouvriers de produire mieux et plus vite et constitue la force de la coutellerie thiernoise.

Sur les rives de la Durolle, que l’on surnomme déjà la « Vallée des usines », on compte alors une quarantaine de rouets dans lesquels travaillent les « Ventres Jaunes », ces fameux émouleurs couchés sur le ventre, réputés pour leur dextérité. La révolution industrielle annonce les premiers signes de la modernité, la force hydraulique de la rivière cède la place à l’électricité, et le bassin thiernois s’impose comme le plus gros bassin français de fabrication de couteaux.

Crédit photo : Claude Dozorme

Des couteaux régionaux issus d’un savoir-faire haut de gamme

Les usines de coutellerie, qui ont désormais quitté la vallée pour s’installer dans les zones industrielles, continuent de produire des couteaux de table, de poche, de cuisine… et assurent 80 % de la consommation française de couteaux. Thiers présente ainsi la particularité d’être la seule ville au monde dont l’histoire coutelière est aussi longue et ininterrompue.

Modernisées, ces entreprises proposent aujourd’hui des gammes de produits très diversifiées. Toutefois, elles mettent un point d’honneur à perpétuer l’artisanat avec notamment la fabrication de couteaux haut de gamme. Le plus célèbre, le « Laguiole » porte le nom d’un village aveyronnais et se distingue par son manche courbé orné d’une abeille. Aujourd’hui 80 % des laguioles « Made in France » sont fabriqués à Thiers. Mais depuis 1994, le fief de la coutellerie dispose de son propre couteau, devenu le symbole de l’identité thiernoise. Une soixantaine de couteliers est habilitée à fabriquer le véritable Thiers®, chacun le déclinant pour sa propre marque selon un cahier des charges très strict. La plupart des couteliers ont su valoriser leur savoir-faire ancestral, tout en mettant en avant les derniers développements technologiques, et ont reçu le label EPV. L’objectif -réussi- est de mettre plus en avant le « Made in France », voire le « Made in Thiers ».

Crédit photo : Jean Dubost

De l’usine au musée

Haut lieu de l’industrie coutelière jusqu’au XXème siècle, la « Vallée des Usines » a laissé place à de nombreuses friches industrielles, dont certaines ont été reconverties en centre d’art contemporain pour l’usine du « Creux de l’Enfer » ou en espace d’expositions pour l’usine du May. Dans la cité médiévale, le musée de la coutellerie et la cité des couteliers ont ouvert leurs portes afin de faire découvrir au public l’histoire coutelière de la ville et de son patrimoine industriel.

Aux confins des gorges de la Durolle, en amont de Thiers, la Vallée des Rouets se déroule le long d’un sentier pédestre au cœur de la nature. Ce site exceptionnel, qui concentrait les rouets ou moulins à aiguiser des émouleurs de Thiers, raconte lui aussi plusieurs siècles d’industrie coutelière.

Aujourd’hui, ce sont les grands chefs qui jouent les commerciaux pour les couteliers de Thiers : « A travers le monde, les grands chefs exportent notre savoir-faire en recommandant sur leurs tables. De la même façon, en France, les clients qui voient nos pièces sur les tables cherchent à les retrouver dans nos boutiques » explique Claude Dozorme. Magali Soucille, qui a repris la maison Goyon-Chazeau, l’explique très bien, mêlant fierté et amusement : « Ce savoir-faire ancestral suscite un attachement au produit, c’est l’effet « french touch » ! » Prochain objectif : obtenir l’Indication géographique protégée (IGP) à l’instar de la porcelaine de Limoges.

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